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27 mars 2011 7 27 /03 /mars /2011 19:11

Si la théorie présentée dans ce livre est exacte, les émotions qualifiées d’érotiques s’inscrivent toujours de près ou de loin dans un même schéma en cinq étapes psychologiques.
La première étape est celle de la mise en place d’une contrainte ressentie comme oppressante. Il s’agit généralement de tabous liés à la honte de la souillure corporelle, qui induisent un sentiment de dévalorisation. D’autres causes de cette dévalorisation peuvent s’ajouter à la honte corporelle, notamment une angoisse, une humiliation ou une phobie liées à un événement traumatisant de l’enfance. Mais il s’agit dans tous les cas de l’élaboration d’une contrainte perçue comme oppressante, qui fera naître un besoin de libération par rapport à une chape de plomb.
Suit généralement une seconde étape de séduction au cours de laquelle un partenaire sexuel potentiel est idéalisé. Cette idéalisation délivre à nos yeux cet être idéalisé de la honte corporelle. La honte s’étant éclipsée, les tabous perdent leur sens et disparaissent le temps d’une transgression libératrice, qui constitue la troisième étape.
Cette transgression se concrétise généralement par le dévoilement, et le contact entre partenaires, avec les régions corporelles soumises à l’opprobre et aux tabous. Ce contact donne naissance à une quatrième étape de stimulation. L’excitation de ces zones, fortement innervées, déclenche des sensations exceptionnellement agréables qui rendent encore plus libératrice la transgression des tabous.
Toute l’affection que nous portons à notre propre corps, et que les tabous retenaient prisonnière, se libère alors comme la rupture d’un barrage en libèrerait soudainement les eaux dans un déluge torrentiel. Nous déversons cette affection sur notre propre corps et sur celui, idéalisé, de notre partenaire. Au cours de cette cinquième et dernière étape notre image corporelle, inondée d’amour, vit alors une très forte revalorisation qui triomphe de la honte.
Ainsi schématiquement caractérisée, cette succession d’événements constitue la structure fondamentale de la psychologie érotique. Il ne s’agit bien entendu que d’une structure schématique de laquelle chacun s’écarte plus ou moins. Nous en développons, modifions ou ignorons certaines étapes, nous pouvons également en ajouter d’autres. Mais c’est, selon le point de vue défendu dans ce livre, la parenté avec ce schéma fondamental qui détermine le caractère érotique d’une émotion, d’un comportement ou d’une situation. L’érotisme combine presque toujours au moins transgression et séduction. S’il peut prendre autant de formes, c’est parce que les hontes et tabous corporels sont aussi multiples que les façons de séduire pour reconstruire une image idéale du corps gommant la sensation d’humiliation et de souillure.
Au cours de la première étape, le psychisme humain subit généralement une blessure lorsque l’individu prend conscience de la honte et des tabous liés à la souillure. Ces derniers sont alors vécus comme une mise en accusation de ce qu’est l’être humain au plus profond de lui-même, dans son essence la plus intime.
Lorsque l’acte érotique se déroule de façon harmonieuse, la transgression des tabous consacre une victoire sur la honte corporelle, car plusieurs processus de revalorisation (la séduction, la stimulation et l’affection) concourent à cette victoire sur l’humiliation.

Comprendre ce qu'est réellement la sexualité permet de comprendre que si notre désir nous attire vers les aires anatomiques frappées par la souillure, le sexe et les fesses, il n'est pas pervers pour autant, contrairement à ce que Freud, les religions et les régimes politiques autoritaires tentent de nous faire croire. La sexualité est un simple mécanisme permettant de restaurer l'amour interdit, mais indispensable, pour le corps.

Une société qui culpabilise le corps et la sexualité est inhibée politiquement, car des citoyens éprouvant à la fois de la honte pour ce qu'ils sont (leur corps), et pour ce qu'ils désirent (le corps de leurs partenaires), sont psychologiquement incapables d'affirmer à la fois ce qu'ils sont et ce qu'ils désirent. Que ce désir soit sexuel ou politique. Ce n'est donc pas un hasard si les sociétés totalitaires n’aiment pas beaucoup la sexualité, ni si Mai 68 fut à la fois une transformation politique et sexuelle de la société française.

 

 

Voici un extrait d'un livre dont le titre est dans celui de cet article. Je voulais le commenter, mais je pense que je le supprimerais plutot.

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